Dr. Vivanti, merci beaucoup de nous rejoindre aujourd'hui pour nous parler du modèle G-ESDM. Nous sommes heureux de vous avoir avec nous. Je suis heureux d'en parler avec vous. Merci pour cette opportunité. Vous avez effectué une recherche assez intéressante en Australie, où vous avez utilisé l'ESDM, dont nous avons beaucoup appris dans ce module, et vous l'avez dispensé en groupe dans une structure d'accueil pour les jeunes enfants. Et vous avez comparé l’ESDM en groupe donc le G-ESDM avec les services de garde d'enfants qui étaient disponibles dans la région. Pouvez-vous nous parler un peu des résultats de votre étude ? Bien sûr. Donc ce qui nous intéressait vraiment était de savoir si les enfants qui bénéficiaient d’une intervention dispensée par des éducateurs formés à l'ESDM, en crèche ordinaire auraient des résultats supérieurs à ceux des enfants qui recevaient les services habituellement disponibles. Ce que nous avons trouvé est qu'en effet, les enfants qui bénéficiaient de l'ESDM en groupe ont eu des améliorations dans le langage et dans le développement cognitif. Leurs résultats étaient supérieurs aux enfants qui étaient dans le groupe contrôle, qui n'ont pas reçu le G-ESDM. Les éducateurs de la petite enfance, que vous avez formés ont pu apprendre le G-ESDM et vraiment l'appliquer avec une certaine maitrise et je pense que j'ai lu que les chercheurs étaient même un peu surpris de voir à quel point il était facile pour les éducateurs de l’apprendre. Quel type de formation et quel type de supervision ces éducateurs ont-ils reçu ? Oui, c'était peut-être le résultat le plus important, la facilité de former des éducateurs de la petite enfance au modèle G-ESDM. La formation s'est déroulée en plusieurs étapes. Donc, tout d'abord, nous voulions former des éducateurs sur les connaissances de base en autisme. Qu'est-ce que l’autisme signifie ? Du point de vue de l'apprentissage, d'avoir un diagnostic d'autisme, comment l'autisme affecte-t-il l'apprentissage ? Et puis nous avons vraiment ciblé les stratégies d'apprentissage. Comment intégrer des opportunités d'apprentissage ? comment intégrer des moments d'enseignement pendant les routines quotidiennes dans les crèches. Donc si vous allez dans n'importe quelle crèche, il y aura une routine quotidienne, des activités qu'ils font en cercle pour la musique et le mouvement, des activités de travail, des arts plastiques et des constructions et tout ça. Ce sont toutes des situations qui fournissent une structure ou un environnement optimal pour apprendre les compétences enseignées dans l’Early Start Denver Model. Nous avons également fourni aux enseignants des « évaluations de fidélité ». Il s'agit d'outils tels que des check-lists, qui vous permettent de constater votre propre adhésion au modèle. Enseignez-vous à l’enfant de la bonne manière ? Vous faites 80%, ou 100%, ou 50 % des étapes qui sont nécessaires afin de mettre en œuvre l’intervention comme attendue ? Et c'était essentiel parce que les éducateurs soient en mesure de travailler en groupe, et de s'entraider pour atteindre le niveau de maitrise que nous voulions avoir. Et nous avons également travaillé sur la collecte de données. Ce n'est pas quelque chose qui est typique dans une crèche, mais c'est une composante du programme. Nous mesurions en effet si les enfants atteignaient les objectifs que nous avions créés pour eux. L'utilisation des procédures de prise de données comportementales, en regardant si l'enfant maîtrise la compétence spécifique, de manière autonome ou si une autre aide est nécessaire, et ainsi de suite. Auparavant vous aviez décrit les gains sociaux, verbaux et au niveau du fonctionnement adaptatif que vous aviez constaté lorsque ces éducateurs délivraient le G-ESDM de manière correcte, dans un lieu de la petite enfance avec des pairs qui ont un développement typique ou dans une salle de classe spécialisée avec principalement des enfants avec un TSA. Vous avez en fait constaté des résultats similaires dans ces deux contextes. Je suis juste curieuse de savoir que diriez-vous si les deux résultats sont similaires dans les deux environnements, quels seraient les avantages de fournir le G-ESDM dans un cadre inclusif ? Cette question est débattue depuis des décennies. Et la raison pour laquelle nous avons fait cette étude est d'essayer de mieux comprendre ce que les données disent en terme de « Est-ce le G-ESDM est utile ou non ? » Quand on regarde les résultats de la cognition, le langage fonctionnel, etc.. Ce que nous avons vu à partir des données, c’est que si les éducateurs fournissent l'intervention comme attendue, et si la mise en œuvre du G-ESDM est faite à « fidélité », alors nous verrons des bénéfices, peu importe que la salle de classe soit une classe ordinaire avec la plupart des enfants ayant un développement typique ou dans le cadre d’une classe spécialisée. Maintenant, clairement, et dans de nombreuses situations, des établissements spécialisés et des milieux spécialisés, où les éducateurs et le personnel sont plus formés, ils devraient y avoir plus de formation dans l’accompagnement des enfants avec des besoins particuliers, et donc ça pourrait être une des raisons pour lesquelles ces lieux peuvent être avantageux par rapport à un contexte où les gens ont moins de formation en matière de TSA. Mais la variable à considérer, est en effet la formation. Et ce que nous avons vu dans nos recherches, c'est que dans les classes ordinaires, où la plupart des enfants avaient un développement typique, une fois que nous avions formé les éducateurs et qu'ils fournissaient l'intervention correctement, cela a été bénéfique pour tous les enfants de la classe, y compris des enfants qui n'étaient pas autistes. C'est donc l'avantage. Un autre avantage est que les enfants avec un développement typique sont plus exposés à la diversité dès leurs plus jeune âge et qu’ils apprennent les différences entre les gens et comment les différents enfants apprennent. Un autre avantage est que les enfants avec autisme, scolarisés dans les classes ordinaires, auront l'occasion de vivre des expériences quotidiennes qui sont plus similaires à celles des enfants non-autistes. Cela facilite les généralisations, et l'expérience ne sera pas quelque chose de complètement nouveau pour eux lorsqu'ils y seront confrontés à les classes ordinaires à l’école. Ils seront exposés à des enfants qui ont un niveau de langage, des compétences sociales et souvent des capacités cognitives qui pourraient être plus avancées que les leurs, et donc c'est bon pour leur développement et bon pour l’apprentissage. Cela dit, tous ces avantages disparaîtront s'il n'y a pas la mise en œuvre méticuleuse d'une bonne intervention, et des éducateurs et un personnel formés, pour procurer cette intervention de manière correcte. C'est vrai, donc, quel que soit le cadre, et cette réflexion m'amène à ma dernière question, qui est aussi débattue, devrions-nous utiliser une approche de groupe, ou devrions-nous essayer de faire autant que possible de la thérapie individuelle ? Je pense qu'il y a un équilibre à trouver entre ces deux approches, ou suffit-il d'utiliser une approche de groupe pour certains enfants ? Nous n'avons pas, à ce stade, d'études comparatives où nous comparons les enfants en individuel avec les enfants recevant une intervention en groupe. Donc il y a une bonne raison pour utiliser des modèles de groupe, c'est que dans la plupart des contextes géographiques et des cultures dans le monde, les jeunes enfants sont éduqués en collectivité. La prise en charge individuelle est rare. C'est difficile à mettre en œuvre et dans de nombreux cas, cela pourrait empêcher les enfants d'apprendre de leurs pairs, ce qui est quelque chose que les enfants typiques font. Cela dit, être dans un groupe avec un seul adulte qui livre une instruction à trois ou quatre enfants en même temps signifie dans la plupart des cas une baisse du taux d'attention individuelle. Et donc, pour certains enfants, cela pourrait entraver le type d'intensité de prestation et d'instruction pour qu'ils puissent atteindre certains objectifs. Je pense qu'il devrait y avoir un équilibre entre les deux. Il faut l’intensité de l’enseignement individuel et la possibilité de recevoir le type d'intensité dont ils ont besoin. C'est pourquoi, dans les domaines spécifiques où les enfants ont besoin de cette intensité, nous avons créé des arbres de décision dans le manuel G-ESDM où nous regardons combien l'enfant apprend. Quel est le rythme d'apprentissage dans la situation de groupe ? Et si nous voyons que l'apprentissage est inférieur à ce que l'on pourrait attendre, alors nous allons créer des moments en individuel où l’éducateur ou un membre du personnel de la crèche guide l'enfant jusqu'à ce que cet objectif soit atteint sans le priver du groupe et des expériences qu’il veut vivre. Mais s'assurer qu'il y a des progrès. L'essentiel est le progrès, pas le cadre ou le lieu. Donc si nous voyons des progrès, nous continuons avec ce que nous faisons, sinon, nous envisagerons de passer d'un groupe à une situation individuelle. En regardant l'individu et les objectifs individuels. Dr Vivanti, merci beaucoup. Merci de nous avoir parlé aujourd'hui. Il est vraiment intéressant d'entendre votre point de vue sur toutes ces différentes questions importantes. Merci beaucoup. J'ai beaucoup apprécié l'occasion. Merci.