[MUSIQUE] [MUSIQUE] Dans cette leçon, nous parlerons de l'analyse comportementale appliquée et comment elle est utilisée aujourd'hui dans l'intervention précoce en autisme. L'ABA implique l'application systématique d'interventions basées sur les principes de la théorie de l'apprentissage. La thérapie consiste essentiellement à appliquer notre compréhension du fonctionnement du comportement à des situations réelles. L'objectif est d'augmenter les comportements qui sont utiles à l'enfant et de diminuer les comportements qui sont perturbants ou qui affectent leur apprentissage. Il existe de nombreuses approches spécifiques qui utilisent les principes de l'ABA, telles que le DTT, ou essais distincts, ou le Verbal Behavior, ou VB. Compte tenu du temps dont nous disposons dans cette séquence, nous nous concentrerons sur les bases des principes partagés par les différentes approches ABA et sur la façon dont ils sont généralement appliqués. Pour commencer, qu'est-ce que le comportement? Le comportement est essentiellement tout ce qu'une personne fait. Un comportement peut être observé, mesuré et répété. Marcher, manger, jouer et parler sont donc tous considérés comme des comportements dans l'ABA. Les méthodes ABA sont utilisées pour changer le comportement d'au moins cinq façons. Premièrement, les stratégies ABA visent à augmenter les bons comportements. De nombreux praticiens de l'ABA décrivent l'importance d'augmenter ce qu'on appelle les comportements socialement significatifs. Ces comportements sont considérés comme pertinents pour les relations sociales de l'enfant et considérés comme des cibles d'apprentissage importantes à prioriser. Quelques exemples de comportements socialement significatifs peuvent être d'aider l'enfant à apprendre des activités de la vie quotidienne, telles que l'apprentissage de la propreté, le brossage des dents et l'habillage. Il peut aussi apprendre à écouter les instructions de ses parents ou de son enseignant, ou apprendre à bien se comporter dans un magasin ou dans un restaurant. Les thérapeutes ABA utiliseront le renforcement positif pour accroître l'attention ou la motivation d'un enfant pour une tâche, par exemple, augmenter le temps qu'il peut rester dans une activité ou augmenter la fréquence des interactions sociales. Lorsqu'un comportement est suivi par quelque chose qui est apprécié, une récompense, l'enfant est plus susceptible de répéter ce comportement. Le thérapeute utilisera également les thérapies ABA pour enseigner les nouvelles compétences. Il fractionnera une tâche en petites étapes ou en compétences distinctes et enseignera chaque étape de manière systématique en récompensant l'enfant pour ses efforts à l'aide de procédures de renforcement spécifiques. Les principes de l'ABA sont également utilisés pour maintenir les bons comportements ; par exemple, nous pouvons vouloir aider un enfant à apprendre à jouer plus longtemps seul ou à garder la maîtrise de soi lorsqu'il joue dans un groupe d'enfants. Comme nous l'avons déjà mentionné, en ABA nous savons qu'il est important d'aider les enfants à généraliser les comportements qu'ils apprennent lors d'une séance. Ils peuvent être capables d'imiter leur thérapeute à table lorsqu'ils reçoivent une récompense pour son imitation, mais il faut alors, par exemple, s'assurer que cette compétence d'imitation est transférée ou généralisée quand l'enfant joue avec ses frères ou ses sœurs à la maison. Enfin, un thérapeute ABA utilisera les principes d'apprentissage pour réduire ce que nous appelons les comportements interférents. Un comportement interférent est un comportement qui entrave l'apprentissage ou les interactions sociales de l'enfant. Les thérapeutes ABA considèrent parfois les comportements répétitifs ou stéréotypés chez l'enfant avec autisme comme des comportements interférents. Par exemple, si un enfant autiste fait un bruit aigu répétitif pour s'entendre pendant un moment de réunion dans sa crèche, les techniques ABA pourraient être appliquées pour essayer de limiter cette autostimulation dans les moments de groupe et lui apprendre à avoir ce comportement seulement dans les moments où il est seul. Il est important de noter que cette vision des comportements répétitifs n'est cependant pas partagée par tous les spécialistes ou les personnes avec autisme. De nombreuses personnes pensent que le comportement répétitif est important ou apaisant pour la personne autiste ou représentatif d'autres difficultés ou besoins sensoriels. Un thérapeute peut également utiliser les stratégies ABA pour cibler les comportements problématiques en contrôlant l'environnement dans lequel l'enfant travaille. Par exemple, si un enfant a tendance à lancer les objets pendant une séance d'enseignement, le thérapeute ABA peut chercher à réduire ce comportement en contrôlant le matériel et en débarrassant la table des objets que l'enfant pourrait jeter. Ensuite, l'enseignant peut féliciter ou renforcer l'enfant pour l'utilisation adéquate de l'objet et sa participation à l'activité. Pour être en mesure de changer le comportement, les thérapeutes ABA veulent savoir pourquoi il se produit. Les comportements se produisent en lien avec les stimuli qui viennent avant et après le comportement lui-même. Le thérapeute peut donc demander aux parents ou aux enseignants d'enregistrer les comportements problématiques en notant ce qu'il se passe juste avant et juste après un comportement afin de déterminer sa fonction. En effet, il cherche à comprendre trois contingences, ce qu'on appelle en anglais the ABCs of Behavior, ou les ABC du comportement ; Antecedent, Behavior, Consequence, ou en français, Antécédent, Comportement, Conséquence. En premier, il y a l'antécédent. L'antécédent est le terme utilisé pour décrire le ou les stimuli qui viennent juste avant le comportement. Il peut être verbal, comme une demande, ou tangible, comme l'apparition d'un jouet préféré ou d'un objet qui motive l'enfant. Il peut aussi être interne, comme une pensée, un sentiment ou une douleur, ou encore quelque chose dans l'environnement, comme un bruit qui perturbe. Ce qui est important à retenir, c'est que l'antécédent précède le comportement. Puis il y a le comportement ; c'est la réponse ou absence de réponse de la personne à l'antécédent. Il peut s'agir d'une action, d'une réponse verbale, d'un évitement ou de quelque chose d'autre. Enfin, il y a la conséquence ; c'est ce qui vient directement après le comportement. Il peut s'agir d'un renforcement positif du comportement souhaité ou d'une absence de réaction en cas de réponse incorrecte ou inappropriée. Pour comprendre pourquoi un comportement se produit, un comportementaliste utilisera un tableau ABC pour voir quels antécédents tendent à déclencher un certain comportement ou quelles conséquences contribuent à réduire ou à augmenter le comportement. Après, il peut manipuler l'antécédent et la conséquence pour essayer de modifier le comportement ciblé. Comme vous l'avez vu dans cette séquence, il y a beaucoup de théories à comprendre dans l'analyse comportementale appliquée et nous n'avons couvert que l'essentiel. Pour vous donner un exemple de ce à quoi cela ressemble en pratique, je vais maintenant décrire un exemple de séance d'essais distincts. Les essais distincts, ou DTT, sont généralement menés dans un contexte d'instruction en individuel, souvent à table, et sans distraction. Le thérapeute utilise une approche explicite et hautement structurée, des compétences spécifiques et distinctes sont enseignées dans un ordre prescrit, les programmes de DTT ciblent les compétences sociales de communication, cognitives, préacadémiques, par exemple, l'appariement, la reconnaissance des couleurs, des lettres et des chiffres, et la maîtrise de soi. Le thérapeute décompose chacune des compétences ciblées en petites étapes concrètes ; ensuite, il enseigne chaque étape une par une de la plus simple, par exemple, imiter les sons isolés, à la plus complexe, par exemple, mener une conversation. Les matériels et les tâches sont souvent sélectionnés et initiés par l'adulte et présentés dans des ensembles d'essais structurés et distincts. Ces essais, ou ces drills, sont caractérisés par des chaînes d'antécédents, comportements et conséquences. Quand et comment un enfant reçoit de l'aide ou de la guidance par l'adulte est clairement défini, l'enfant est renforcé pour de bonne réponses avec des renforçateurs qui sont sélectionnés en fonction de ses motivations individuelles, par exemple, une nourriture préférée, mais qui ne sont pas nécessairement liées à l'activité. Le thérapeute prendra des données détaillées tout au long de la séance. Ce que je viens de décrire est un exemple d'une application plus traditionnelle de l'ABA. La plupart des praticiens aujourd'hui intègrent désormais beaucoup plus ce que nous appelons des stratégies naturelles, comme jouer par terre au lieu de faire travailler un jeune enfant à table, faire des activités qui motivent l'enfant et travailler à la généralisation des compétences dans différents lieux. Rejoignez-moi maintenant dans notre prochaine séquence où nous approfondirons l'application de ces pratiques d'enseignement comportemental plus naturelles, lorsque nous parlerons des Naturalistic Developmental Behavioral Interventions, ou NDBI. [MUSIQUE] [MUSIQUE]