[MUSIQUE] Bonjour. Comme vous le savez, dans ce module, nous allons parler de l'intervention et de l'accompagnement chez les enfants et les adolescents d'âge scolaire. Mais avant de nous plonger dans ce monde des interventions, je voulais vous faire un petit rappel sur l'évaluation qui a fait l'objet d'un autre MOOC. Nous parlerons ensuite de comment nous pouvons identifier les cibles d'intervention ou d'accompagnement prioritaires qui vont découler de cette évaluation, et puis nous parlerons en dernier lieu de l'importance de la coordination du réseau de soins. Dans le cadre du MOOC sur le diagnostic, nous avons beaucoup parlé des étapes qui permettent de pouvoir établir un diagnostic de troubles du spectre de l'autisme. Nous avons parlé de l'importance d'évaluer les symptômes du trouble du spectre de l'autisme et nous avons également abordé un certain nombre d'évaluations complémentaires qui sont nécessaires également à réaliser telles que l'évaluation du fonctionnement intellectuel, du fonctionnement adaptatif, éventuellement de pouvoir proposer un bilan neuropsychologique par exemple pour évaluer les fonctions attentionnelles ou exécutives, ou encore de pouvoir évaluer la présence éventuelle de comorbidités associées aux troubles du spectre de l'autisme, comme par exemple des difficultés d'humeur ou des difficultés d'attention. Dans le cadre du MOOC sur le diagnostic, nous avons beaucoup parlé de comment utiliser ces évaluations pour poser ou non un diagnostic de troubles du spectre de l'autisme. Ce dont nous avons moins parlé en revanche c'est comment nous pouvons utiliser ces évaluations pour pouvoir également identifier des cibles d'intervention ou d'accompagnement prioritaires pour un enfant ou un adolescent avec un trouble du spectre de l'autisme. Le premier point que je voudrais vraiment souligner dans le cadre de cette séquence c'est que la mise en place d'une intervention doit toujours être précédée d'une évaluation. Cette évaluation va vraiment pouvoir nous permettre d'identifier quelles sont les cibles d'intervention ou d'accompagnement prioritaires pour un jeune donné. J'ai utilisé auparavant plusieurs fois le terme de cible d'intervention ou d'accompagnement prioritaire, et peut-être que vous vous demandez ce que j'entends par là . Comme je l'ai mentionné dans l'introduction du module, l'objectif d'une prise en charge pour un jeune avec un trouble du spectre de l'autisme ne va pas être de guérir le trouble du spectre de l'autisme, mais de fournir des outils qui permettent de mieux gérer certaines situations qui vont être difficiles. La première étape dans l'initiation d'une prise en charge va vraiment être de pouvoir identifier ces situations qui vont être problématiques au quotidien, que ce soit pour le jeune lui-même ou son entourage. Dans notre jargon de psychologue, c'est ce qu'on appelle souvent les plaintes, c'est-à -dire les situations qui sont rapportées spontanément par le jeune ou par son entourage comme étant difficiles ou problématiques. Pour vous donner quelques exemples, on pourrait par exemple imaginer le cas de Sophie qui a neuf ans et qui fait vraiment des crises importantes à se rouler par terre, crier, pleurer à chaque fois que ses parents décident de l'emmener dans un grand magasin pour faire les courses. On pourrait également penser à Xavier qui a 12 ans et qui présente des difficultés à interagir avec ses pairs lorsqu'il est à la récréation. Il se retrouve donc souvent assis dans un coin du préau, isolé. Ou alors on pourrait également penser à Frédéric, qui a 16 ans et qui éprouve de la difficulté à trouver une place d'apprentissage qui corresponde à ses envies et à ses possibilités. Donc, pour définir une cible d'intervention ou d'accompagnement prioritaire, cela consiste finalement à identifier les outils dont la personne a besoin pour pouvoir mieux gérer ces situations qui ont été décrites comme étant problématiques. Pour définir une cible d'intervention ou d'accompagnement prioritaire, il est donc indispensable de considérer quelles sont les priorités d'un jeune et de son entourage. On ne doit donc jamais proposer une prise en charge qui ne fasse sens ni pour un jeune ni pour son entourage. Maintenant que vous avez compris ce qu'est une cible d'intervention ou d'accompagnement prioritaire, on peut se demander finalement comment est-ce qu'on va les identifier dans une situation donnée d'un jeune. Comme je vous l'ai présenté précédemment, c'est assez facile de pouvoir identifier quelles sont les plaintes dans une situation spécifique parce qu'elles ont tendance à venir naturellement dans le décours de la discussion. Ce qui va être important pour un professionnel toutefois ça va être de pouvoir hiérarchiser ces plaintes en pouvant identifier lesquelles sont les plus importantes à prendre en charge de manière prioritaire. À partir de là , on va se centrer sur un petit nombre de plaintes et tenter d'établir ce qu'on appelle une conceptualisation ou une formulation de cas qui servira à la base de l'identification des cibles d'intervention ou d'accompagnement prioritaires et qui sera vraiment à la base de notre intervention. Quand on parle d'une conceptualisation de cas, on parle finalement d'une forme de modélisation qui permet d'identifier quels sont les processus qui peuvent être cognitifs, affectifs, comportementaux ou interpersonnels qui sont susceptibles d'expliquer pourquoi une situation est particulièrement problématique dans le cadre d'un jeune donné et de son entourage. Donc, finalement, si on prend cette perspective, le clinicien qui va établir cette démarche se pose dans une position de clinicien chercheur car il va faire un certain nombre d'hypothèses de travail sur quels sont ces processus qui sont particulièrement importants dans une situation donnée, et il va ensuite chercher à tester si ces hypothèses sont correctes, et ensuite de pouvoir essayer d'identifier comment est-ce qu'on peut chercher à prendre en charge ces différents processus qui posent problème dans une situation donnée. Si au décours de son évaluation, il se rend compte que les hypothèses qu'il a formulées ne sont pas correctes ou ne sont pas complètes, il va pouvoir ensuite formuler des hypothèses alternatives ou complémentaires. On voit donc que dans cette logique finalement, l'évaluation est un processus qui va être itératif, c'est-à -dire qu'il ne va pas y avoir une évaluation et une prise en charge, mais qu'il va y avoir une évaluation, une formulation d'hypothèses, une évaluation qui va permettre de confirmer ou d'infirmer les hypothèses qui ont été établies, etc. et ceci dans un processus un peu circulaire. Pour rendre ce que je viens de vous expliquer un peu plus concret, je vous propose de revenir à l'exemple de Sophie qui a neuf ans et qui fait des crises de colère et de frustration quand elle est amenée par ses parents dans les grands magasins. Si on se base sur cette situation, on pourrait imaginer que suite à une évaluation initiale, le clinicien fasse un certain nombre d'hypothèses sur la raison pour laquelle Sophie fait ces crises dans les grands magasins. Une première hypothèse que ce clinicien pourrait formuler concerne l'hypersensibilité que pourrait présenter Sophie aux entrants visuels, par exemple aux lumières fortes des néons qui se trouvent dans les grands magasins. Une deuxième hypothèse que le clinicien pourrait formuler concerne davantage la communication, c'est-à -dire que Sophie pourrait avoir des difficultés particulières à pouvoir exprimer ses besoins et ses envies au niveau verbal, et qu'elle utiliserait à ce moment-là des comportements compensatoires qui ne seraient pas tout à fait adaptés à la situation comme le fait de se rouler par terre ou de crier. Et finalement, une dernière hypothèse que le clinicien pourrait être amené à formuler est que ces comportements qui ne sont pas très adaptés et qui sont utilisés par Sophie ont tendance à être renforcés par son entourage lorsque ceux-ci sont utilisés. À partir de ces trois hypothèses de travail, le clinicien chercherait donc à tester ces hypothèses au moyen par exemple d'évaluations d'échelles standardisées ou alors d'observations dans un certain nombre de situations pour essayer d'identifier si ces hypothèses de travail sont correctes ou incorrectes. Admettons que son évaluation soutienne les hypothèses initiales qu'il avait formulées. À ce moment-là , on pourrait assez facilement identifier un certain nombre de cibles d'interventions ou d'accompagnements prioritaires dans cette situation spécifique. Par exemple, on pourrait proposer un travail et un accompagnement ainsi que des aménagements sensoriels pour prendre en charge ces difficultés spécifiques au niveau du traitement de l'information visuelle. On pourrait également fournir à Sophie des outils de communication plus adaptés lorsqu'elle souhaite communiquer ses besoins ou ses envies. Et finalement, on pourrait fournir un accompagnement à l'entourage pour pouvoir permettre de ne pas renforcer ces comportements mal adaptés lorsqu'ils surviennent et de pouvoir leur proposer des situations alternatives ou des solutions alternatives. Voilà , dans le cadre de cette séquence, vous avez appris comment identifier une cible d'intervention ou d'accompagnement prioritaire. Vous avez également appris comment pouvoir effectuer une conceptualisation de cas et de pouvoir identifier finalement la prise en charge la plus adaptée sur la base de cette conceptualisation de cas. Une fois que nous avons identifié quelles sont les cibles d'intervention ou d'accompagnement prioritaires dans une situation donnée, on peut se poser la question finalement Quelle intervention on peut être amené à proposer? Evidemment que le type d'intervention va dépendre de la situation spécifique clinique qui est en face de nous. Mais de manière générale, ce qu'il faut retenir, c'est que les interventions ou les prises en charge que nous proposons devraient toujours être en accord avec les recommandations de bonnes pratiques ou ce qu'on appelle en anglais les Best practices guidelines. Ce sont en fait des ouvrages qui ont été rédigés par un groupe d'experts ou encore par un gouvernement dans un pays spécifique, qui fait la revue de la littérature sur les interventions qui ont été développées et testées scientifiquement et qui fournissent des recommandations sur les interventions qui ont été testées comme étant efficaces ou au contraire peu efficaces dans une situation donnée. Je vous montre à l'écran quelques exemples de ces recommandations de bonnes pratiques. Et finalement, un dernier point que je souhaiterais aborder rapidement dans cette séquence concerne la coordination des interventions. Comme vous l'avez vu dans l'exemple de Sophie, on pourrait imaginer coordonner trois interventions différentes autour de thématiques différentes comme le traitement de l'information sensorielle, la communication ou encore l'accompagnement de l'entourage. C'est vraiment souvent le cas dans le cadre d'un jeune avec un trouble du spectre de l'autisme, et il va donc être vraiment crucial de pouvoir coordonner ces différentes interventions pour que les objectifs de chacune de ces interventions soient complémentaires. La difficulté est que ce travail de coordination revient le plus souvent à la famille elle-même et que les professionnels jouent assez peu ce rôle de coordination des suivis. Ceci est vraiment dommage car les professionnels devraient pouvoir accompagner les familles dans ce processus de coordination. Il ne s'agit pas d'un professionnel spécifique. Cela pourrait être par exemple le pédiatre ou un psychologue ou encore toute autre personne qui accompagne une famille. Il devrait toutefois s'agir d'une personne qui a de bonnes connaissances dans le domaine des troubles du spectre de l'autisme et une bonne connaissance du réseau local ainsi que des recommandations de bonnes pratiques. Ce rôle de coordination devrait pouvoir se faire à plusieurs niveaux. Dans un premier niveau, il devrait pouvoir impliquer la prise de contact avec les différents professionnels qui entourent un jeune et ou une famille et de pouvoir organiser ponctuellement ce qu'on appelle des réunions de réseaux qui permettent de réunir ces différents professionnels afin de discuter des progrès et des cibles d'accompagnement et d'intervention pour la suite. Ce professionnel qui coordonne devrait également avoir un rôle important pour aider la famille à hiérarchiser les prises en charge car parfois, un nombre important de prises en charge sont proposées et il est important de pouvoir les hiérarchiser en disant, celles-ci doivent être mises en priorité et peut-être que dans un second temps nous nous intéresserons à une autre prise en charge. Cette hiérarchisation doit être faite en fonction d'un principe d'importance. Quel est l'objectif le plus important mais également en fonction d'un principe de réalité et de faisabilité pour une famille donnée. Et finalement, le professionnel qui est en charge de cette coordination du réseau devrait pouvoir aussi évaluer quelle est l'efficacité des prises en charge qui sont effectuées. Nous reviendrons là -dessus dans une autre séquence dans la suite du module. Donc, en conclusion, vous avez appris dans cette séquence comment identifier des cibles d'intervention ou d'accompagnement prioritaires et comment effectuer une formulation ou une conceptualisation de cas dans une situation spécifique. Vous avez également appris quelle est l'importance des recommandations de bonnes pratiques et comment les professionnels devraient accompagner un jeune et son entourage dans la coordination du réseau de soins. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE]