[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Dans la séquence précédente, nous avons vu comment structurer et clarifier visuellement une information, comment organiser un espace pour augmenter la compréhension de l'environnement. Nous allons maintenant nous intéresser à la manière d'aider les enfants avec autisme qui en ont besoin, à développer des outils de communication. Tout d'abord, je voulais revenir sur le terme de communication, parce que communiquer ne veut pas seulement dire parler, c'est beaucoup plus complexe que ça. La communication comprend l'interaction sociale, on communique avec quelqu'un, elle comprend aussi les gestes, par exemple, si j'agite le doigt comme ça, on comprend ce que je suis en train de dire et, maintenant, si, en plus, je fronce les sourcils, je vais ajouter une composante émotionnelle à ma communication et montrer que je suis fâchée. Lors d'une discussion, il y a aussi des tours de rôle, des règles sociales qu'on a apprises, comme ne pas se couper la parole, la distance, aussi, à laquelle on doit se tenir pour parler avec une personne. Vous l'avez donc compris : la communication est complexe et demande beaucoup de compétences. Ces compétences, justement, se développent durant la petite enfance et se construisent les unes par-dessus les autres, elles s'imbriquent. Un bébé, par exemple, va très vite porter attention à la voix, surtout celle de son parent, en se tournant vers lui. Il va aussi commencer à gazouiller et à découvrir les sons qu'il peut produire lui-même. Ensuite, entre six et douze mois, le bébé va commencer à babiller, à réagir quand on l'appelle par son prénom ou, encore, commencer à comprendre lorsqu'on lui dit non. C'est aussi à ce moment-là qu'il va commencer à utiliser le pointage pour montrer et commencer à partager avec une autre personne. Après une année, en général, un bébé va dire ses premiers mots, et il va pouvoir aussi suivre des consignes qui lui sont familières comme, par exemple : viens on va dormir, ou, donne-moi. Souvent, sans s'en rendre compte d'ailleurs, on associe un geste à notre demande. Si, maintenant, on revient au domaine qui nous intéresse, on sait qu'une des composantes de l'autisme est, justement, cette difficulté dans la communication sociale et dans l'interaction sociale. Là encore, chaque enfant avec un TSA est différent : certains enfants vont développer le langage, pouvoir communiquer leurs demandes, montrer, partager leurs intérêts, alors que, pour d'autres, des difficultés vont persévérer. Dans le domaine de l'intervention précoce, quand on travaille avec les tout-petits, il faut évaluer leur niveau dans les domaines de la communication expressive et réceptive, c'est-à -dire, ce que l'enfant comprend et ce qu'il peut exprimer. On doit se poser des questions comme, par exemple, est-ce qu'il se retourne quand je l'appelle par son prénom? Est-ce qu'il pointe pour me demander un objet dont il a envie? Comprend-il une consigne simple? On va aussi se demander quels types de production l'enfant peut faire : est-ce qu'il gazouille? Est-ce qu'il babille? A-t-il déjà des mots? S'il a déjà des mots, commence-t-il à les combiner? Lorsqu'on a ces informations, qu'on connaît mieux le niveau de l'enfant et le développement attendu pour son âge, on va pouvoir alors commencer à lui enseigner les compétences qui lui manquent en respectant au mieux les étapes développementales. Si un enfant ne pointe pas, on va d'abord commencer à enseigner cette compétence avant d'enseigner le mot, par exemple. Pour certains enfants, malgré une thérapie intensive, des thérapeutes qui sont formés, des difficultés persistent. Lors d'une séquence précédente, Hilary vous avait présenté le modèle ESDM. Ce modèle a justement pensé à quel moment nous décidons de mettre en place d'autres types de communication, dites alternatives. Quelles questions faut-il se poser? Par exemple, l'enfant fait-il des vocalisations intentionnelles pour communiquer? A-t-il un répertoire de sons qui augmente régulièrement? A-t-il une bonne capacité d'imitation ou, au contraire, est-ce aussi un domaine difficile pour lui? Ces questions vont pouvoir nous aiguiller sur les différents moyens de communication augmentatifs et alternatifs que nous pouvons mettre en place pour ces enfants. Je vous laisse maintenant avec Hilary pour continuer sur ce sujet passionnant. Bonjour, Dr. Mirenda. Merci beaucoup d’avoir accepté de nous parler aujourd'hui. Je suis heureuse d'être ici et ravie de te voir, Hilary. Dans nos modules sur l'intervention précoce, nous avons parlé de la façon dont les enfants bénéficient des bonnes pratiques, celles fondées sur les preuves scientifiques et des programmes qui visent tous les domaines du développement, qui leur permettent de développer la communication par le jeu. Beaucoup d'enfants avec qui nous travaillons bénéficient également des outils de la communication augmentative et alternative. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? Quels sont ces outils ? La communication augmentative et alternative, utilisons simplement le terme « CAA » parce que c'est plus facile, est une variété d'approches pour soutenir la communication et le développement du langage. Il en existe essentiellement deux types. Vous pouvez avoir une CAA sans assistance technique, qui est l'utilisation par exemple du pointage, l'utilisation des gestes et des signes avec les mains pour soutenir le développement de la communication et ensuite il y a aussi la CAA techniquement assistée qui implique l'utilisation d'images, parfois de textes pour les personnes plus âgées qui écrivent, et parfois de dispositifs de communication vocale, des ordinateurs qui parlent, si vous voulez. CAA sans assistance technique signifie que vous n'avez besoin de rien d'externe et CAA techniquement assistée signifie que vous avez besoin de quelque chose d'externe. Mais de toute façon, ce sont des moyens d'accomplir deux choses. Tout d'abord, nous les donnons aux individus, afin qu'ils puissent communiquer avec nous si leur langage n'est pas adéquat pour cela. Deuxièmement, et tout aussi important, surtout avec de jeunes enfants, nous pouvons les utiliser en tant que partenaires de langage pour communiquer avec eux, pour s'assurer qu'ils comprennent ce que nous sommes en train de leur dire, et aussi pour faire le modèle de l'utilisation de ces outils, donc ça peut aller dans les deux sens. Je l'utilise avec toi, tu l'utilises avec moi, et chez les jeunes enfants, nous commençons souvent par l'utiliser avec eux, pour qu'ils comprennent ce que nous disons, avant de donner ces outils à l'enfant lui-même ou elle-même, et il commence à les utiliser pour communiquer avec nous. On a souvent une question qui revient, du moins dans mon équipe, de quand introduire la CAA? Nous utilisons des approches d’intervention précoce et nous essayons de développer le langage des enfants à travers des stratégies pour augmenter leur motivation à parler. Y a-t-il des signes ou y a-t-il un moyen de savoir quand c'est approprié de commencer avec la CAA ? La réponse courte est, en fait, qu’un enfant n'est jamais trop jeune pour commencer. Par exemple, il y a quelques études qui ont été faites avec de très jeunes enfants qui ne parlaient pas encore, peut-être parce que nous nous attendions même pas à ce qu'ils parlent encore, ils avaient seulement neuf mois ou 12 mois, Lorsque des personnes utilisent des moyens de communication augmentative pour s'assurer qu'ils comprennent ce qui leur est dit mais aussi pour faire le modèle, on voit ensuite qu'en suivant ces enfants, la CAA a soutenu le développement de leurs communications. Nous n'avons pas besoin d'attendre jusqu'à 24 mois, ou 36 mois, l'âge auquel on s’inquièterait qu’un enfant ne parle pas. Nous pouvons commencer bien avant, en utilisant la CAA pour que l’adulte communique avec l’enfant, et plus tard, s'il a besoin d’une CAA pour communiquer il pourra utiliser ces mêmes techniques pour parler avec nous. Ensuite si le langage se développe - parce que nous travaillons toujours sur le développement du langage verbal chez les très jeunes enfants, et si le langage se développe en route, nous mettons la CAA de côté dès que la parole prend le dessus. C'est mieux de commencer vraiment tôt et d'intégrer la CAA dans le projet thérapeutique de l’enfant plutôt que d'attendre un âge magique, et d’espérer que le langage de l'enfant se développe à ce moment-là , et introduire la CAA ensuite. J'ai aussi entendu dire qu'en introduisant, disons, un système d'échange de photos, qui peut également faire office de passerelle vers le langage, cela peut aider l’enfant à comprendre qu’ils ont le pouvoir de communiquer. Y a-t-il des recherches pour soutenir ces propos ? Bien sûr. Oui, il y en a en fait, il y a un certain nombre d'études portant sur l'impact du PECS, The Picture Exchange Communication System, en particulier sur le développement du langage. Nous ne pouvons pas attendre que le PECS déclenche un langage naturel, et ce n'est pas pour ça qu'on utilise le PECS, mais c'est souvent un effet secondaire, et cela se produit également avec d'autres types de CAA. Je sais qu'avec la technologie, les différents types d'outils CAA disponibles sur le marché ont explosé ces dernières années. Qu'elle est la situation actuelle ? Qu'est-ce que cela change en terme d'outils disponibles ? Est-ce que tous les enfants communiquent avec les tablettes maintenant ? Est-ce qu’ils commencent par d'autres outils au début ? Comment la technologie a-t-elle changé la CAA ? Il y a deux manières de voir ces progrès technologiques Ce que je veux dire, c’est que d'un côté, les iPads sont omniprésents maintenant, et tout le monde peut y accéder. Il y a beaucoup de bonnes applications de communication qui sont disponibles sur iPad, à un coût relativement bas, qui sont accessibles pour les enfants. D'un autre côté, tout le monde veut un iPad maintenant, et il y en a tellement d’applications que c'est souvent difficile de faire un choix et de définir quelle application est la meilleure pour un enfant en particulier. D'une part, la disponibilité de la technologie facilite la tâche et d'autre part, ironiquement, la disponibilité de la la technologie la rend plus difficile parce qu'il y a plus de décisions à prendre, et souvent les gens ne savent pas comment décider ou n'ont pas l'aide adéquate pour prendre ces décisions. Une autre chose à prendre en considération vis-à -vis des écrans pour communiquer est que souvent il n’y a pas toujours un système alternatif, aucun système de sauvegarde non technologique. Par exemple, l'iPad tombe dans la baignoire et ne marche plus, et c'est comme retirer la langue de quelqu'un, il ne peut plus communiquer. Il doit toujours y avoir un système de secours, non-technologique, si vous voulez. Pour certains individus, la meilleure façon pour commencer est en fait sans la technologie, avec quelque chose comme le système de communication par échange de photos, pour introduire l'idée de communiquer avec des images à l'enfant. Assurez-vous qu'il comprenne comment cela fonctionne, comme si vous deviez donnez la photo, quelqu'un d'autre doit être là quand vous communiquez, et passer ensuite à une technologie plutôt que de commencer par la technologie dès le début. Cela permet aux enfants de comprendre qu'ils doivent faire un véritable échange, que cela ne provient pas d'un écran. Bien. Bien, c'est important de se rappeler de ça. Merci beaucoup d'avoir parlé avec nous aujourd'hui au sujet de la CAA. Ça a été très utile. Bien. Je suis contente que ça ait été utile et je vous souhaite à tous le meilleur avec votre MOOC. Merci beaucoup